Jeudi 27 février
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Barcode. Une enseigne rouge et noire, un lettrage hideux réalisé avec des stickers indigemment collés sur la porte
vitrée de l'entrée, une façade presque délabrée et rien moins qu'accueillante. L'intérieur, après le sas qui masque la vue de la rue, est peint de noir, mal éclairé sauf la "scène" et l'ambiance
y est souvent plus que chaude car l'établissement étant dépourvu de "dépendances", il n'y a pas de lieu où discrètement se rabattre pour donner libre cours à la baise.
C'est le rendez-vous des gays « durs » de la ville et des environs. Du moins, de ceux qui s'habilleraient en cuir,
porteraient casquette et moustache si ce n'était pas trop daté, et s'échangent des regards virils, bravaches, et subtilement plaintifs, « choisis-moi... »
Le gars qui m'y a amené est en fauteuil roulant, il aime sucer des grosses bites, ce à quoi il s'adonne sans aucune
retenue dès que l'occasion se présente et avec d'autant plus d'entrain qu'il n'a ni à se lever ni à s'agenouiller pour être à portée de tous les engins qui se donnent à lui.
Il commence à être connu dans ce bar, il s'y est fait sa place d'habitué et la sollicitude amicale dont il est l'objet
prouve son « savoir-faire ». Moi, il ne m'a pas sucé, il me manque quelques centimètres, dans la longueur comme dans la circonférence, pour qu'il m'accueille dans sa bouche. J'ignore donc
l'étendue de ses talents mais je me dis que j'ai sans doute loupé quelque chose...
C'est lui qui m'a introduit dans ce bar, il m'en avait parlé lors de notre première rencontre, chez lui, décidée après
un tchat sur un site gay. Lorsqu'il m'avait annoncé être en fauteuil roulant, cela avait attisé ma curiosité : comment faisait-on pour baiser lorsqu'on était en fauteuil ? J'ignorais que je ne le
saurai jamais. Ou du moins pas avec lui.
Le tchat s'était bien passé, c'est à dire qu'il avait dépassé les trois messages et le fatidique « t'as une pic de
toi ? », même si j'avais remarqué que, comme beaucoup de gens sur un tchat, il n'avait pas grand chose à dire. Impression confirmée chez lui. Il était bavard mais là non plus il n'avait pas
grand chose d'intéressant à dire, je me contentais d'écouter en regardant les mini-statuettes egyptiennes sous blister qui ornaient ses étagères, provenant sans doute d'un éditeur encyclopédiste
grand public, sorte de culture de supermarché acquise à tempérament chez le marchand de journaux du coin.
Il me parla du Barcode, lieu de rencontre hard gay dans la ville. Il me dit qu'il y allait régulièrement et me précisa
que, si je le voulais, il pourrait m'y faire rentrer. Lorsque je demandais ce qu'il voulait dire par « hard », il m'expliqua que le bar n'ouvrait que tard le soir (jusqu'à tôt au petit
matin suivant), qu'il n'y avait ni backroom ni cabines, juste une sorte de grande « piste » sur laquelle étaient disposés des casiers plus ou moins régulièrement espacés, un long comptoir, une
scène, quelques douches sans intimité, et des toilettes aussi, qui, elles, fermaient, mais ne pouvaient pas accueillir plus d'une personne à la fois.
Ça n'expliquait pas ce que « hard » voulait dire. Il ajouta qu'il n'était pas rare qu'il s'y déroule des partouzes, les
gars y allaient pour ça et il n'était même pas besoin de boire pour que les esprits et les corps s'échauffent. Les mecs se désapaient plus ou moins, fourguaient leurs vêtements dans les casiers
les plus proches, prenaient ou ne prenaient pas les capotes à dispo et sautaient sur tout ce qu'il y avait à portée de main.
Il poursuivit en disant que, le samedi, il y avait « l'invité », un gars attaché sur la scène, sur lequel
venaient se défouler ceux qui voulaient, à mains nues ou avec les accessoires SM mis à disposition. Tout était permis sauf les marques, les coups, les blessures diverses et le sang, deux gars du
bar veillaient à ce que chacun garde la tête froide. On y avait vu des « invités » méchamment fistés ou gerbant le sperme après que de nombreux clients se soient soulagés sans discontinuer dans
leurs bouches. N'étaient « invités » que ceux qui pouvaient subir de tels traitements, souvent des soumis, esclaves ou lopes éduqués et présentés par leurs maîtres.
Les autres jours, ceux qui montaient sur la scène étaient appelés des « volontaires », ce pouvait être
n'importe qui, « toi ou moi si on voulait », qui eux aussi subissaient les assauts des clients, il y avait souvent plusieurs volontaires pour une seule soirée, mais il ne pouvait y en
avoir qu'un à la fois sur la scène. Alors le choix s'opérait très simplement : ils étaient exposés nus à l'entrée du bar et en entrant, les clients marquaient d'un coup de rouge à lèvres celui
qu'ils préféraient, souvent en fonction de leur physique, mais aussi en fonction du « programme » qu'ils autorisaient. Lorsque sonnait l'heure de monter sur la scène, le volontaire ayant remporté
le plus de suffrages y était attaché et livré à la convoitise générale. Là aussi, deux gars du bar surveillaient les agissements et tempéraient les ardeurs de ceux qui outrepassaient les limites
fixées par les volontaires eux-mêmes.
Cette idée m'excitait énormément, j'avais toujours voulu être exhibé puis mis à disposition. En même temps, cela me
faisait très peur : je n'étais pas spécialement gay, je ne pratiquais rien de ce que le gars décrivait, se pouvait-il qu'on soit « volontaire » mais que l'on refuse, par exemple, la sodomie ou le
fist ? Le gars fit la moue... « Il faudrait au moins que tu suces, mais si tu ne veux pas être sodomisé... Tu ne vas pas intéresser grand monde. »
« - Et puis, physiquement aussi, tu es « hors-milieu »... »
A suivre...