Fantaisies en rUt mineur
Plus rien, il n'y a plus rien. Ni envies, ni fantasmes, ni désirs, c'est le calme plat.
Ce qui m'excitait naguère me laisse froid aujourd'hui.
On a tous envie d'être aimés paraît-il. Comme je ne me trouvais pas aimable, j'ai décidé de m'avilir. Puisque je n'avais rien à
apporter, j'ai décidé de m'offrir.
Je me suis proposé comme "soumis", je me suis publiquement humilié pour susciter l'intérêt, le sarcasme, l'ironie et l'envie de
m'avilir davantage. En vrai, en face à face, face à mon corps nu, offert, exposé et mutilé, pas par écran interposé.
J'ai voulu approcher, éprouver le point de non retour, que l'on brise à jamais ma "dignité", j'ai voulu être un objet qu'on maltraite,
j'ai voulu qu'on expose mon intimité à tous les regards, puisque c'est là, dit-on, que réside le dernier rempart de l'individu, j'ai voulu qu'on se rit de moi, qu'on moque ce triste et banal
individu qui n'a aucune gloire, si infime soit-elle, à tirer de son existence.
J'ai voulu exister par la plus mauvaise des façons : être objet de dérision et ne plus pouvoir relever la tête à cause de ma honte de
m'être donné, susciter le mépris, à défaut de savoir susciter l'admiration.
Même ça je l'ai raté...
Je n'ai même pas su intéresser qui que ce soit, je n'ai convaincu personne d'aller au-delà du clavier, je n'ai convaincu personne de me
convoquer pour déchiqueter le peu d'amour-propre qui me restait...